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Vers le Blog
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Le peintre au couteau

5 septembre 2019
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Posté par Ollivier Pourriol

Lire sur Kindle :

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LE PEINTRE AU COUTEAU

“Qui sait que ces couleurs sont celles du visage de ma femme disparue et aimée tendrement et regrettée éternellement ? Là où l’œœil exercé voit un vert Véronèse, moi je sais qu’il s’agit du bleu des yeux de ma femme, mais d’un bleu en mouvement, ce n’est pas encore un vert, mais ce n’est plus vraiment un bleu, c’est un bleu en fuite, c’est le bleu des yeux de ma femme qui me trahit. Quel marchand de couleurs osera vendre un jour un tube de Bleu des yeux de ma femme qui me trahit ?”

Un peintre de 85 ans, cloué par une appendicite, ouvre à son chirurgien un monde sur le point de disparaître, où l’on croise Dubuffet, Camus, Simone de Beauvoir, Nicolas de Staël, René Char, Braque, Music, Gischia. Le temps de quelques conversations, l’homme du pinceau et du couteau transmet à l’homme de l’art et du scalpel ce qu’il a de plus précieux : son œil.

Que peut-on contre la mort ? Pas grand-chose, répond le chirurgien. Apprécier les couleurs de la vieillesse, répond le peintre.

Et, si possible, finir en beauté.

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LE PEINTRE AU COUTEAU dans la presse

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Pourriol : intelligence et vivisection

La chronique de François Nourissier de l’académie Goncourt  

LE FIGARO MAGAZINE | 15 janvier 2005

Ollivier Pourriol, 33 ans, fut il y a peu le professeur de philo, au collège bilingue, de ma petite-fille Sarah. Elle avait en lui grande confiance. Dès qu’elle me parla d’Ollivier Pourriol, je compris que ce normalien, premier à l’agrégation de philosophie, et qui emballait Sarah, appartenait à une catégorie intellectuelle et sociale bien française : les éveilleurs, les excitateurs, les brûleurs d’idées. J’eus la chance, en 1940-41, de voir notre classe de 3e B du lycée Saint-Louis prise en main par un de ces jeunes profs doués et fervents. Il se nommait Jean Levaillant. Il y avait, chez ce «hussard noir de la République», un hussard bleu de la Littérature, à qui je dois sans doute une part de ma vie. Il est mort il y a peu de semaines et je le salue ici avec gratitude et respect.

Je ne connais pas Ollivier Pourriol, mais puis l’imaginer. Grand discuteur, amateur de citations. Il y en a des dizaines plantées tout au long des trente-huit chapitres du roman : Char, Music, Braque, Gischia, Nicolas de Staël… On trouve aussi, dans le découpage et le montage du récit, trace d’une qualité que l’on ne cherche guère chez les romanciers : le sens et peut-être la passion pédagogiques. Pourriol adore sûrement les chocs et échanges d’idées, les belles batailles d’abstractions. Il exploite habilement la méthode romanesque qu’il a inventée : il en tire un livre (ça tient de l’essai, du reportage, de l’interview) où l’intelligence ne dessèche jamais la beauté de telle et telle page : quelques savoureuses réussites de style et d’écriture.

Le narrateur est chirurgien des hôpitaux. Il reçoit dans son service un peintre célèbre (aucune identification ne nous sera suggérée). Banale appendicite, mais le patient est âgé de 85 ans et paraît épuisé. Il se trouve donc aux portes de la mort, lieu et moment où certains hommes ont besoin de parler. Le médecin et le peintre qu’ont-ils à se dire ? A lire Pourriol, on le devine philosophe, et que ses héros, le mourant et le chirurgien, essaient de donner un peu de réalité à moudre à sa belle mécanique. Tous les thèmes sont abordés, situés, traités. Le savoir-faire métaphysique (comme souvent chez un Jean d’Ormesson, autre produit exemplaire de la fabrique d’intelligences de la rue d’Ulm) affronte le cynisme médical. On pourrait muscler un peu le titre (qui n’est pas bien fameux) et dire : «Défis, manoeuvres, défaites et illusions de la peinture moderne.» Tout est pesé, formulé. Chaque chapitre tente une synthèse, propose une interprétation. Le peintre et les poètes ; consécration ; rôle des «dessins préparatoires» ; affinités secrètes chirurgie/peinture ; voit-on dans ses yeux qu’un patient va vivre ? La peinture et le Temps ; abstraction ; maladies nosocomiales ; trop souvent, on peint de mémoire au lieu de regarder le modèle ; être de garde ; travailler en musique ; la peinture est devenue abstraite quand la religion a décliné, etc.

Un homme qui attend que le travail reprenne possession de lui écoute se dérouler dans sa tête une obscure bataille – obscure, mais avec des coups de lumière, des flashes. En nous se livrent ainsi bien des combats. Inutiles ? Non, jamais. Exercices intellectuels ? Pas seulement. Il s’agit peut-être de garder la machine en état de marche et d’efficacité. On peut vivre, certes, sans avoir soldé ses comptes avec les couleurs, ou les mots, ou les sons. Mais on ne vit plus si l’on perd toutes ses vigilances : c’est à cette veille au créneau que nous invite ce «roman» vif, grave et brillant.

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CONVERSATION

Ollivier Pourriol, couteaux tirés

LE MONDE DES LIVRES | 24.02.05
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L’auteur du “Peintre au couteau” évoque sa passion pour une écriture hantée par la transmission.

Dans son Autoportrait (Fayard, 1988), le peintre Zao Wou-ki avoue qu’il doit à son père, à sa confiance et à sa bienveillance, d’être devenu artiste. “Peut-être serais-je devenu chirurgien comme je l’avais imaginé.” Les affinités entre les deux pratiques, Zao les a depuis enregistrées sans chercher à les comprendre. Dans son deuxième roman, Le Peintre au couteau (Grasset, 288 p., 17 €), Ollivier Pourriol les place au cœur de sa perspective.

Le narrateur, chirurgien aveuglé par son art qui transforme toute information corporelle en indice de diagnostic (“On serre la main à un ami : on lui prend le pouls, on perçoit tout comme le symptôme d’une maladie plus générale. La vie est un cadeau qui s’empoisonne progressivement, ce qui laisse le temps de s’y habituer”), apprivoise un vieux peintre, dont la vie s’échappe, à 85 ans. A moins que ce ne soit l’inverse et que le Maître ne décille le regard du professeur, l’homme du pinceau et du couteau dialoguant avec l’homme du scalpel pour lui rendre un œil neuf. Fécondité de l’échange où les notions de maître et de disciple sont abolies, où le temps seul permet le triomphe de l’art.

Ponctuant les courtes séquences, interrompues comme ne peut que l’être l’emploi du temps d’un homme actif, affairé auprès d’un autre réduit à s’abandonner à la convocation de ses fantômes, des fragments empruntés à Valéry, Zoran Music, René Char, Nicolas de Staël surtout, dessinent les contours d’une sagesse que l’artiste offre à son confrère, puisque la violence de celui qui ouvre la chair, la fend pour la défendre, n’est rien au regard des tempêtes qu’anime le peintre.

Epistolier, Staël confessait, juste plutôt qu’impudique : “Je pleure tout seul face aux tableaux, ils s’humanisent doucement, très doucement à l’envers.” Pourriol tend à cette lucidité crue, dérangeante à force d’exposition. Il la met en scène dans Coupé au montage, premier court métrage qu’il a présenté à l’Elysée-Biarritz en avril 2004, bientôt sélectionné par Cinéma Nouvelle Génération, festival lyonnais réservé au numérique. D’une brutalité frontale, l’œuvre est programmée ces jours-ci au Kinofilm festival de Manchester (du 21 au 27 février), dans la catégorie “extrême et horreur” !

Mais est-on si loin de Mephisto Valse (2001) ? Premier opus, ce faux polar, qui épouse le rythme si particulier des concours internationaux – là le Chopin de Varsovie – dévoilait les liaisons dangereuses de l’art et du politique, sur fond de nazisme prudemment occulté. “Le problème crucial est celui de la transmission”, reconnaît Pourriol, qui concède que l’intrigue lui importe moins que le lien de la parole. La force de l’échange qu’il cultive depuis l’adolescence.

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L’EMPREINTE DE RENÉ CHAR

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Né à Lyon en 1971, il a grandi dans le Var, à Hyères-les-Palmiers, aîné de deux garçons, dans un milieu laïque ancré à gauche. Un père agriculteur impliqué dans les Safer, une mère attachée au service public dont la générosité l’émeut : “Ils aident les autres sans même penser d’abord à leurs propres priorités.” Une scolarité impeccable vaut au lycéen une bourse pour suivre sa première au Lycée français de Londres. C’est là que la mort de Char, en 1988, lui révèle ce poète d’exception, champion des grands espaces et résistant superbe, que le jeune homme, qui s’applique aux arts martiaux et ne conçoit la vie qu’au grand air, adopte.

Aussi, lorsque le concours général l’invite à disserter à partir d’Aragon sur la poésie, il se souvient “n’avoir presque parlé que de Char”. Assez bien pour décrocher le premier prix de composition française, ce qui lui vaut la publication de son texte dans Le Monde et une lettre du très pataphysicien président de la Confédération internationale des cinémas d’art et d’essai, Jean Lescure, qui le remercie de sa lecture du poète dont il fut l’ami et lui adresse son dernier texte, La Belle Jardinière. Ollivier Pourriol devait le retrouver treize ans plus tard, lorsqu’il adressa à ce premier lecteur Mephisto Valse. Pour ne plus rompre le lien depuis.

Ces signes improbables, ces indices qui échappent d’ordinaire, Pourriol les collectionne. Engagé, puisqu’il excelle à tout, dans une filière scientifique, il opte pour maths sup. Où il tient deux semaines. Sa vie est ailleurs : la khâgne donc. Et la rencontre – “décisive !” – d’Hubert Grenier, son maître au lycée Louis-le-Grand, pour l’enseignement duquel il milite aujourd’hui.

Fidèle, il a récemment rassemblé, édité et préfacé un premier choix de ses textes. “Un simple apéritif pour une nécessaire remise en lumière”, espère-t-il pour conjurer les difficultés du projet éditorial. Il attend toutefois le départ en retraite de Grenier pour le remercier de ses leçons. Tranchant, le verbe incisif, l’œil aigu, avec une lucidité terrible : “Moi, je sais que je n’apporte rien, mais je sais qui apporte.”

Un autre rendez-vous l’attend le jour de ses 21 ans. En guise d’anniversaire, il manque de mourir d’une appendicite mal évaluée – il a malicieusement versé le rapport d’hospitalisation dans son nouveau roman. “Je lisais justement alors XY, d’Elisabeth Badinter, qui pointait la disparition des rites de passage de la masculinité, et je mesurais dans la souffrance sensible de mon corps que l’étape que je regrettais déjà me saisissait à l’improviste.” L’hospitalisation en urgence ; les opérations à répétition ; la douleur insupportable qu’on supporte encore moins après.

“Ne pas oublier que l’hôpital, c’est politique. Il faut faire changer ces choses-là !” s’enflamme-t-il au souvenir de celles qui l’ont accompagné, sans que la souffrance ait permis qu’il en conserve le visage, pour les remercier ensuite, blessé aussi par les brusqueries criminelles d’autres dont l’office tient moins du sacerdoce (“On comprend que les infirmières aient longtemps été des bonnes sœurs”) que du métier ordinaire. Un semestre de convalescence, soit un an en stand-by – “où j’ai fait l’expérience de la vieillesse”.

Lui qui sait de ses maîtres que la jeunesse est un aliment, une joie, ne veut se souvenir que de la chaude douleur du contact du rugbyman, des appuis qui ouvrent les brèches dans les flux apparemment trop denses. “En venant, sur le trottoir, j’ai su passer au ras”, s’éclaire-t-il soudain, désarmé de sa colère par ce plaisir de gamin joueur. Sur le fil, fin et tranchant comme le regard de ce jeune homme qui sait, en sage, ne pas être pressé.

Philippe-Jean Catinchi

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Ollivier Pourriol

Écrivain, philosophe, scénariste
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